lundi 26 octobre 2015

Faux médicaments à Dantokpa

Petite et vendeuse de faux médicaments
Des gélules contrefaites, remplies de farine de blé, des pilules à prix bradés, des comprimés de viagra vendus sur des étalages au soleil. Les faux médicaments tuent et leur trafic explose à Dantokpa. Selon les estimations de l'organisation mondiale de la santé, ce trafic rapporte plus de soixante milliards de dollars américains par an. Ce business serait même vingt cinq fois plus lucratif que celui de la drogue. Les faux médicaments représentent donc un danger pour les peuples et pour les économies des pays les plus pauvres. On estime à deux cent mille le nombre de décès dus aux antipaludéens contrefaits sur la planète.
Que devient le marché Adjégounlè, lieu de prédilection de la livraison illicite du médicament au Bénin, deux ans après l'appel du Président français Jacques CHIRAC pour combattre le fléau?
Le 12 octobre 2009 Jacques Chirac, l'ancien Président de la France est venu lancer au nom de sa fondation un appel contre le trafic des faux médicaments. C'était devant sept chefs d'Etats africains dont celui du Bénin. Selon lui "l'Afrique est la première victime de ce fléau mondial".
Selon la présidente de l'ordre du conseil national despharmaciens du Bénin, le docteur Moutiatou TOUKOUROU: " il est temps que le gouvernement prenne à bras le corps ce problème. Les professionnels du médicament ne peuvent pas être complices de cet assassinat collectif. Nous ne pouvons pas laisser le médicament à la portée des gens qui n'ont aucune connaissance, aucune déontologie et aucune formation".   
Koffi Dongoba est conducteur de zémidjan, il se confie: "je trouve que ce sont nos autorités qui encouragent le trafic des faux médicaments dans le pays. Les faux médicaments ne sont pas venus d'eux-mêmes sur les marchés, ce sont nos dirigeants qui en sont à la base et les douaniers laissent malheureusement passer".                                                                                             
Nous sommes à Dantokpa, autour de nous des étalages de médicaments sont à perte de vue. Une vendeuse réclame une plaquette de "notropine comprimé". Assise derrière un comptoir, avec des lunettes ,elle reçoit des clients qui brandissent des ordonnances dûment signées par des médecins. Autour d'elle des boîtes de lait pour nourrisson, des cartons de comprimés, des bouteilles de sérum et même des lots de seringues. Une baraque lui sert de bureau. En face trois autres. Les médicaments y sont rangés sur des rayons avec soin. Deux jeunes filles et deux petites autres, elles ne sont pas scolarisées, leur école est ici à Adjégounlè et elles y sont brillantes. La preuve, elles connaissent par cœur les noms et les prix de presque tous les médicaments. 
Dans ce brouhaha du marché Adjégounlè, la patronne des lieux se dévoile dans l’anonymat: "je vends les trucs de bébé. Je vends des médicaments, un peu de tout, moi je fais les divers. On peut trouver tous les médicaments. Que ce soit de la pharmacie, de la centrale d'achat, du Nigéria, du Togo et du Ghana.   on s'approvisionne un peu partout. A Lomé, au Ghana au Bénin aussi. Les gens de la santé nous embêtent tout le temps mais nous payons la patente. On paie les impôts. On paie tout comme les officines. Nous sommes dans un pays sous développé, tout le monde n'a pas les moyens. Il y a des gens qui ne peuvent pas aller à la pharmacie et qui achètent en détail au marché pour le moment. Qu'ils nous laissent tranquille".

Pour permettre aux pauvres populations de pouvoir avoir ses médicaments, il faudrait que l'Etat subventionne déjà les médicaments vendus à la pharmacie. 

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